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Le 28 juillet 2017, le BEA (Bureau of economic analysis) a publié une révision générale des données. Elle concerne les trois dernières années et donc nombre de phases du cycle puisque nous avons, jusqu’à présent, fixé le point de retournement de la période d’accumulation du cycle au troisième trimestre 2014. D’autre part, le 30 août 2017, le même organisme a publié les données du deuxième trimestre 2017.
Dans notre dernière note de conjoncture, les données montraient que la vague d’accélération était terminée mais qu’une deuxième vague, juxtaposée à la première (ce qui aurait été un nouveau cas dans l’histoire des cycles), pouvait prendre forme. Les nouvelles données confirment largement l’arrêt de la vague d’accélération et infirment l’hypothèse d’une deuxième vague d’accélération suivant la première. D’autre part, nous assistons à une convergence des diverses séries de données. Cette unification conduit au même diagnostic, à savoir que la vague d’accélération synthétique, initiée, selon les nouvelles données, au premier trimestre 2015 est terminée. Avec cet arrêt, sauf révision ultérieure des données, nous devons conclure, pour suivre la méthode que nous avons dégagée de l’étude des cycles depuis 1929 et plus précisément depuis 1947, qu’un sous-cycle s’est achevé et qu’un nouveau sous-cycle est en cours.
Compte-tenu des données actualisées, cette vague a duré huit trimestres selon la méthode des moyennes mobiles et cinq trimestres selon la méthode de la tangente. Par conséquent, la vague d’accélération de synthèse, qui résulte de la confrontation des deux méthodes, est de cinq trimestres. Nous l’avons superposée à la vague issue des moyennes mobiles dans la série i/p sous la forme d’un surlignage des données en jaune.
Un autre fait significatif apparaît à la suite de cette révision générale : le point de retournement de la période d’accumulation est désormais identique pour toutes les séries. Il y a un peu plus d’un an, quand nous avons publié le livre qui analyse l’ensemble des cycles, la distribution des points de retournement était loin d’être aussi homogène. Le taux de profit général se retournait au deuxième trimestre 2013. Il en allait de même pour le rapport k/p. Quant au taux de plus-value général apparent, il avait atteint un apogée au troisième trimestre 2011. En restant fidèle à la méthode qui consiste à privilégier le rapport i/p qui désignait le quatrième trimestre 2014 comme point de retournement, nous étions bien plus près du résultat qui semble définitif pour cette partie du cycle. Il montre aussi à quel point l’avertissement que nous faisions au début du chapitre 9 de cet ouvrage, intitulé : « conclusion provisoire », était justifié[1].
Dans notre dernière note[2], nous avions déjà identifié la fin de la vague d’accélération. Cependant, une nouvelle vague consécutive de la première pouvait être anticipée. Les données révisées comme la publication des données propres au deuxième trimestre ont fait disparaître cette perspective. L’idée d’une nouvelle vague proche de la première, sans être pour autant concomitante, ne doit pas encore être complètement écartée car il existe encore des séries (en nombre réduit) où cette première vague continue. D’autre part, selon la méthode de la tangente, la quasi-totalité des séries sont entrées dans la vague d’accélération. Mais cette méthode rend très mal compte des différentes vagues. Nous devons donc conclure qu’un sous-cycle a pris fin en 2016 et qu’un autre sous-cycle a débuté. En tout état de cause, si nous appliquons la méthode issue de l’analyse des cycles aux données actuelles, une nouvelle vague d’accélération ne pourrait exister qu’à partir du troisième trimestre 2017 et se poursuivre, pour être confirmée, au quatrième trimestre 2017. La perspective d’une crise ne serait donc ouverte qu’à partir du premier trimestre 2018 (donc un semestre de plus que dans l’analyse précédente).
La fin de cette première vague d’accélération, la plus tardive jamais rencontrée dans l’histoire des cycles, rend d’autant plus difficile la prévision de la crise à venir et scelle la fin de la prévision d’une crise pour 2017 (ce qui était la perspective la plus probable sur la base des données antérieures).
Il nous faut maintenant attendre une nouvelle vague d’accélération. Seule la méthode des moyennes mobiles est susceptible, dans l’état de nos travaux, de la détecter. L’existence d’un cycle à vagues rend d’autant plus lancinante l’autre question que pose la méthode en ce qui concerne la prévision : la disponibilité à temps d’une information stable. D’autre part, le fait que s’éloigne temporairement la crise de surproduction ne doit pas pour autant faire oublier qu’une crise financière reste possible.
Dans le passé, nous avons identifié deux cycles à vagues : le cinquième et le huitième cycles.
Dans les grandes conclusions que nous avons tirées sur ces cycles, figure l’idée qu’il s’agit de cycles de transition vers de nouvelles formes de cycles. Il est encore trop tôt pour de telles conclusions. Par contre, nous devons déjà souligner qu’il s’agit d’un avortement de vague tardif. Pour la première fois, une vague d’accélération s’arrête alors que le cycle compte déjà parmi les plus longs de l’histoire. Dans les cycles qui n’ont qu’une seule vague d’accélération, la crise de surproduction survient à l’issue de cette vague. Les cycles avec plusieurs vagues peuvent être considérés comme des cycles avec autant de sous-cycles et souvent avec une crise intermédiaire laquelle peut d’ailleurs escompter la crise finale du cycle (le huitième cycle est caractéristique de cette situation).
Nous reprendrons dans nos prochains textes l’analyse de ces deux cycles à vagues à partir des données générales révisées.
Tandis que la plupart des organes officiels annoncent des perspectives favorables à l’accumulation du capital mondial, le bulletin d’analyse de conjoncture brésilien Critica da economia[3] qui s’appuie sur le fait que la productivité du travail a baissé en 2016, phénomène qui ne s’était pas reproduit depuis 1981, pense qu’une nouvelle crise doit arriver entre les deux réunions annuelles des banquiers centraux à Jackson hole[4] ; ce qui signifie une crise entre septembre 2017 et fin août 2018[5].
NOTES –
[1] « Les analyses précédentes et leurs annexes montrent, tout d’abord, qu’il faut être extrêmement prudent dans la manipulation des données fournies par l’administration américaine car, en un instant, à travers une révision des données, la physionomie d’une période peut être changée du tout au tout » (Robin Goodfellow, Le cycle des crises aux Etats-Unis depuis 1929, L’Harmattan, p.55). La note qui suivait illustrait le propos.
[2] [2] http://www.robingoodfellow.info/pagesfr/rubriques/crise_usa_7_Maj1T.htm
[3] http://criticadaeconomia.com.br/
[4] Les banquiers se réunissent au Jackson lake lodge, un hôtel situé dans le parc national du Grand Teton, dans la vallée de Jackson hole (Wyoming). En 1982, pour donner de l’ampleur à son symposium, la réserve fédérale de Kansas city, réussit à appâter Paul Volcker, alors Président de la banque centrale américaine et passionné de pêche à la mouche, en déplaçant son rendez-vous annuel à Jackson hole. Depuis, la réunion est devenue un point de rencontre du gratin des banques centrales internationales.
[5] “O tempo urge. Afinal, esta deve ser a última reunião de Jackson Hole antes da explosão de um inusitado choque global. A gigantesca espaçonave do capital global que decolou há 32 trimestres (cerca de oito anos) não parou de ganhar altitude. É uma das expansões cíclicas mais extensas dos últimos setenta anos. Resta confirmar se seus dias estão contados. » (Produtividade na economia dos EUA registra primeiro declínio anual desde 1981, 21/08/22017)
“Le temps presse. Cette réunion de Jackson Hole doit être la dernière avant l’explosion d’un choc global inédit. Le gigantesque vaiisseau spatial du capital global qui a décollé il y a 32 trimestres (près de huit années) n’a cessé de gagner de l’alttitude. C’est l’une des expansions cycliques les plus étendues des derniers soixante-dix ans. Il reste à confirmer si ses jours sont comptés.”