Telefonica – Un bilan de la grève

Présentation

Nous publions ici la traduction en français d’une tribune publiée sur le site espagnol : https://www.diagonalperiodico.net/la-plaza/27290-la-huelga-se-demuestra-parando.html le 16 juillet dernier. Les auteurs reviennent sur la dynamique qui a permis la mobilisation et rendent compte de la difficulté à unifier différentes couches prolétaires que l’évolution même de la grande entreprise capitaliste a séparé en de multiples entités. Si les syndicats « officiels » ne font rien pour dépasser cette situation, il ne faut pas attendre mieux des petits syndicats dits « alternatifs » qui ont cherché, de leur côté, à profiter de la grève pour renforcer leur position. Le chemin de l’unité de la classe prolétarienne est difficile, surtout dans une situation historique où le combat avait été totalement déserté par les organisations syndicales et où la bourgeoisie multiplie les attaques, y compris la répression contre les travailleurs.

Dans un communiqué publié le 7 septembre (http://teleafonica.blogspot.fr/2015/09/reunion-de-comites-de-empresa-de.html) à la suite d’une réunion des comités à Barcelone, la coordination écrit :

« Nous avons également commenté la nécessité, pour la « marée bleue » (1) de se constituer en syndicat, avec les mêmes attributions qu’une organisation syndicale, mais nous voyons que c’est un processus encore débutant et de plus nous ne souhaitons pas que ceci soit interprété comme une volonté de compétition dans l’espace syndical avec d’autres organisations syndicales ; il s’agit de jouer un rôle catalyseur et de rassemblement des différents sigles et courants syndicaux partisans de la mobilisation pour changer les choses de manière substantielle. Ainsi, pour le moment, nous ne forcerons pas le pas pendant le mois qui vient. »

Selon notre vieux mot d’ordre, « L’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même » et il est très important que des travailleurs qui ont mené une grève longue et dure en affrontant aussi bien les syndicats aux ordres (ici l’UGT et les CC.OO), le patronat que l’Etat et sa répression anti-syndicale (une récente étude de la Confédération Syndicale Internationale a pointé l’Espagne comme un des pays du monde où les droits syndicaux ont le plus reculé ces dernières années), prennent en charge le besoin d’organisation durable pour construire un rapport de forces qui débouche sur une défense ferme des intérêts du prolétariat.

Mais ceci ne pourra pas se faire en se limitant à une seule branche de production (les télécommunications), même si elle représente un secteur développé du prolétariat. D’une part parce que l’évolution de la branche a renvoyé une partie des prolétaires vers un statut de « travailleurs indépendants », d’autre part parce que tout enfermement dans une corporation donnée est mortifère, et ensuite parce que les enseignements de la lutte des travailleurs de Telefonica sont transposables à d’autres secteurs qui pratique la cascade de sous-traitance comme le transport, le bâtiment… Les ex-grévistes de Telefonica auraient tout intérêt à ouvrir leurs comités de lutte à d’autres secteurs et à commencer à fédérer les réactions des prolétaires à l’accroissement considérable de l’exploitation dont ils font l’objet.

De ce point de vue, l’expérience brésilienne du mouvement « Intersindical« , qui développe depuis des années, de manière systématique, opiniâtre, décidée, un mouvement syndical défendant les intérêts de classe en dehors de tout compromis avec le patronat et l’État, et en luttant contre les syndicats jaunes vendus au pouvoir (CUT, Força sindical…) est un exemple à faire connaître aux ouvriers d’Europe.

Si certains phénomènes révélés par la grève des sous-traitants de Telefonica s’avéraient significatifs de l’évolution du mode de production capitaliste dans les pays aujourd’hui els plus développés, ils mériteraient une attention toute particulière.

Telefonica employait en Espagne plus de 80 000 salariés dans les années 90. Il avait alors le monopole des télécommunications. Aujourd’hui il emploie moins de 30 000 salariés. Dans le même temps, l’entreprise s’est implantée dans une vingtaine de pays et emploie à l’échelle mondiale plus de 120 000 salariés. L’entreprise devenue multinationale n’a cessé d’accumuler le capital et d’accroître le nombre des salariés qui dépendent d’elle directement. Cela témoigne d’un processus de concentration et de centralisation du capital. Le développement de Telefonica à l’échelle mondiale s’est notamment fait par le rachat d’entreprises en s’appuyant notamment sur les profits de monopole qu’il a su relativement bien maintenir – même s’ils s’érodent continuellement – appuyant ainsi sa réorientation stratégique.

Ce type de stratégie, Telefonica n’est pas le seul à l’avoir suivi ; France Telecom dont le chiffre d’affaires mondial est plus petit que celui de Telefonica a suivi un chemin similaire.

Donc, si à l’échelle mondiale, concentration et centralisation du capital continuent leur progression, il n’en va pas même en Espagne où les effectifs ont diminué drastiquement. Outre l’arrivée de nouveaux concurrents (notamment dans la téléphonie mobile et l’Internet) qui érodent les parts de marché de Telefonica et les restes de son monopole, les gains de productivité qui diminuent le temps de travail nécessaire pour nombre d’activités et qui sont autant de facteurs qui limitent le nombre d’emplois directs ou indirects dépendant du chiffre d’affaires de Telefonica, l’entreprise a eu recours à la sous-traitance des activités liées à l’installation et au branchement des clients.

Cette sous-traitance, compte tenu des prix de premier niveau (les prix accordés par Telefonica aux entreprises de premier rang avec qui elle contracte) supposerait des entreprise sous-traitantes extrêmement productives (ou des entreprises délocalisées dans des pays où le niveau général de la productivité du travail est plus bas et avec elle la valeur des marchandises telle qu’elle s’exprime sur le marché mondial[1]) pour espérer obtenir un profit en rapport avec le profit moyen obtenu par les divers capitaux. Comme ce haut niveau de productivité n’est pas réellement atteignable, il s’agit d’activités de services matériels (chaque client local est à la fois un cas général et un cas particulier) avec une très grande part de main d’œuvre, l’organisation de la sous-traitance, sous le regard bienveillant de Telefonica et de l’Etat, a évolué vers une pyramide de sous-traitance avec schématiquement trois niveaux. Les sous-traitants contractants au premier rang, des entreprises sous-traitantes de deuxième rang, contractant des précédents. Ces sous-traitants sont encore des entreprises exploitant des salariés ; les premières étant généralement d’une taille supérieure aux autres. Enfin, avec le troisième niveau de sous-traitance on trouve une kyrielle de très petites entreprises composées de travailleurs indépendants qui n’emploient que très peu ou pas de salariés permanents.

Avec le développement significatif de ces petites entreprises composées d’un travailleur indépendant ou sans salariés permanents, nous constatons un processus inverse à celui observé à l’échelle mondiale.

Le développement des petites (moyennes) entreprises et a fortiori si elle s’accompagne de la dissolution du salariat sont une des modalités par lesquelles passe le déclin relatif des pays capitalistes aujourd’hui les plus développés. En règle générale[2], plus l’entreprise est petite, plus la valeur ajoutée par salarié est faible. Depuis longtemps la classe politique s’enthousiasme pour la petite et moyenne entreprise qui serait désormais la seule à créer des emplois. Quant au travail indépendant, il a l’énorme avantage d’échapper aux contraintes que posent encore les lois sur les salariés. Ici, la durée du travail n’a pas de limites, les conditions de travail et la sécurité peuvent être quelconques, le revenu peut baisser sans retenue.

Il se reforme donc une classe hybride qui n’est plus prolétaire au sens strict du terme (elle n’est plus salariée par le capital) mais dont l’histoire comme la sujétion en général à un seul donneur d’ordre conduisent à des conditions d’existence inférieures à celle du prolétariat à l’instar de ce que vivent depuis toujours certaines couches de la paysannerie. Mais tandis que la paysannerie recule avec l’avancée du mode de production capitaliste, la cohorte des petites entreprises s’accroît, tandis que les différences sociales se creusent.

De ce point de vue, les grèves des sous-traitants posent bien des questions quant à l’évolution du capitalisme moderne et à la démarche pour rallier sur des objectifs strictement prolétariens ces nouvelles classes moyennes qui relèvent pour une part d’un semi prolétariat et pour une autre part de classes mieux connues (le petit patronat, la classe moyenne ancienne).

Dans la critique du programme de Gotha Marx écrivait :

« Dans le Manifeste communiste, il est dit : « De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.»

La bourgeoisie est ici considérée comme une classe révolutionnaire, – en tant qu’elle est l’agent de la grande industrie, – vis-à-vis des féodaux et des classes moyennes résolus à maintenir toutes les positions sociales qui sont le produit de modes de production périmés. Féodaux et classes moyennes ne forment donc pas avec la bourgeoisie une même masse réactionnaire.

D’autre part, le prolétariat est révolutionnaire vis-à-vis de la bourgeoisie parce que, issu lui-même e la grande industrie, il tend à dépouiller la production de son caractère capitaliste que la bourgeoisie cherche à perpétuer. Mais le Manifeste ajoute que «les classes moyennes… sont révolutionnaires… en considération de leur passage imminent au prolétariat ».

De ce point de vue, c’est donc une absurdité de plus que de faire des classes moyennes, conjointement avec la bourgeoisie, et, par-dessus le marché, des féodaux « une même masse réactionnaire » en face de la classe ouvrière.

Lors des dernières élections, a-t-on crié aux artisans, aux petits industriels, etc., et aux paysans : « Vis-à-vis de nous, vous ne formez, avec les bourgeois et les féodaux, qu’une seule masse réactionnaire » ? (Marx, critique du programme du Gotha)

La question ne semble pas avoir perdu de son actualité.

[1] Et, comme nous allons le voir, ce sont les conditions de travail, de revenu et de durée du travail propres à ces pays qui vont du coup s’imposer dans les pays de vieux capitalisme.

[2] La réalité est beaucoup plus complexe et il en faut pas sacrifier au mythe de la PME tant rabâché par une certains littérature économique. Tout d’abord elles exploitent le salariat, d’autant plus férocement qu’elles doivent compenser les désavantages propres à leur faiblesse organisationnelle. En même temps, dans certains secteurs, on peut être leader mondial et être une entreprise moyenne ou petite par le nombre de salariés. L’expertise dans certains domaines est également un facteur de différenciation qui peut permettre d’esquiver la question de la taille et de la force du travail associé. Enfin, la petite entreprise a également une fonction de pionnier pour faire émerger l’innovation et le progrès technique.

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TEXTE :

La grève se prouve en arrêtant la production.

par Javier Marco López, Francesc Queralt

respectivement, travailleur chez un sous-traitant et membre du comité de grève, et travailleur et syndicaliste chez Telefónica.

Comment lutter contre l’exploitation au 21° siècle, au sein de la plus grande multinationale du pays (Telefonica-Movistar en Espagne, NDT), qui esquive toutes les lois ou les modèle à sa mesure ? Par l’unité de classe. Cette union, les techniciens des sous-traitants, sous-sous traitants et travailleurs indépendants pour Movistar l’ont réalisée par la grève. Les multinationales détruisent le personnel fixe pour leur substituer une main d’œuvre bon marché, sans droits ni représentation syndicale. Mais leur stratégie pour empêcher la lutte commune dans ce secteur n’a pas fonctionné. La spirale de la précarisation leur a explosé entre les mains sous la forme de la « révolution des échelles » (2).

Le 17 mars (2015 NDT) à Madrid, un groupe de techniciens ont convoqué, par WhatsApp, une assemblée ouverte de travailleurs sous-traitants ou indépendants de Movistar, pour se mobiliser et freiner la négociation à la baisse du contrat entre Movistar et ses sous-traitants, qui allait provoquer une baisse de revenus des indépendants et sous-traitants de 25%. Lors de l’assemblée, qui réunit presque 600 personnes, il fut décidé de convoquer une grève illimitée à Madrid contre Movistar, qui fut suivie dès le départ à 90%. La grève mobilisa différents collectifs connaissant des conditions des travail différentes, mais avec un même objectif : que Movistar et ses entreprises cessent de traiter leurs travailleurs comme des esclaves.

L’information sur Madrid se diffusa rapidement sur les réseaux sociaux. Le travail syndical réalisé auparavant et l’adéquation des objectifs de la grève avec ceux de tous les collectifs impliqués rendit possible l’extension du conflit à l’échelle nationale. Il s’établit une coordination formée par des membres de chaque province du personne des sous-traitants, sous-sous traitants et indépendants.

Malgré le rythme vertigineux de la grève – qui a rendu difficile la coordination et la prise de décisions tactiques -, de l’absence d’une caisse de résistance préalable, de la fermeture de quelques-unes des organisations appelant à la grève – qui, dans la pratique paraissaient en compétition entre elles pour recueillir les fruits de la grève – celle-ci a pris de manière solide pendant 85 jours à Madrid et 75 dans le reste du pays, en créant des assemblées qui peuvent être le germe d’une nouvelle organisation permanente.

Cette Marée bleue (2), toujours active, demande à ne pas travailler plus de 40 heures par semaine, deux jours de repos par semaine et des salaires qui ne soient pas basés sur la production et qui permettent de satisfaire les besoins vitaux – il y a aujourd’hui des techniciens qui gagnent 600 ou 800 Euros). On demande aussi que les camarades qui ont été licenciés pour être convertis en faux indépendants ou pour travailler chez les sous-sous-traitants soient réincorporés dans le personnel des dix entreprises principales (3).

Ce mouvement a été un peu « quinzemaïesque » (4) par sa spontanéité initiale, l’adoption de formes agiles de communication.

Ces conditions sont celles d’une bonne partie du monde du travail. Dans un tel contexte, comment pourrait se déclencher une grève générale ? Si le mouvement se démontre en marchant, la grève se démontre en arrêtant et affectant la production. Par conséquent, il est nécessaire que la classe travailleuse active l’appuie et que l’inactive (chômeurs, étudiants et retraités) participe aux actions de protestations et de boycotts publics proposés. La deuxième partie apparaît plus accessible, mais elle ne peut exister de manière indépendante. Sans une forte participation des travailleurs et travailleuses à la grève, la grève sociale (5) perd une grande part de son souffle et de sa légitimité face à d’éventuelles répressions. Elle apparaît aussi comme un passe-temps pour révolutionnaires professionnels.

Ceci implique que peut-être il conviendrait de reconnaître que le travail de base du syndicalisme alternatif n’est pas suffisamment développé. Ou qu’il n’avance pas dans la direction adéquate, vers la configuration d’une force mobilisatrice indépendante des syndicats officiels, ceux que l’on ne peut pas considérer comme acteurs du changement social, sans omettre pour autant que toute stratégie mobilisatrice doit impliquer leurs bases.

Les syndicats dits alternatifs ont échoué dans la création d’une alternative mobilisatrice. Et certainement pas tant en raison de facteurs externes – presse et lois hostiles, répression, etc.- qu’en fonction de leurs propres erreurs : reproduction du clientélisme, sectarisme, accommodements, installation dans le « non » systématique probablement par incapacité – ou paresse – à réaliser le travail nécessaire pour construire une nouvelle organisation, confusion des moyens et des fins – élections syndicales comme repères…-. Il existe heureusement d’honorables exceptions, et toujours plus nombreuses, mais insuffisantes pour déclencher une vague de grande ampleur.

Analyser la grève des techniciens en la resituant dans ce contexte général peut être un bon exercice de débat qui contribue à dépasser les difficultés ou les limites à la mobilisation que nous avons actuellement. « Notre » grève a eue un développement distinct des dynamiques habituelles de mobilisation. Le principal élément différenciateur fut le caractère assembléiste de ce mouvement syndical, sans forme et volontairement dépouillé de sigles et drapeaux. Les syndicats appelant aux mobilisations l’ont fait sur instruction des assemblées, et les tentatives d’appropriation ont été fortement dénoncées.

Cela a été un mouvement un peu « quinzemaïesque » (4) de par sa spontanéité initiale, l’adoption de formes agiles de communication, le caractère massif de la participation à la lutte… Mais l’étincelle initiale a rencontré un terrain favorable, avec un large travail syndical de fond, mené sur des positions qui n’avaient rien d’auto-propagandiste ni de clientéliste. Sans ce travail préalable, une grève nationale qui englobe autant d’entreprises et des groupes aussi différents quant à leurs conditions de travail et de salaire, aurait pu difficilement se matérialiser. Le discours et le travail pour unifier les conditions, la demande « à travail égal, salaire égal », firent que la revendication initiale concernant le contrat commercial entre Telefonica et les sous-traitants, est devenu anecdotique par rapport à la totalité du mouvement. Ce qui a été revendiqué c’était la réintégration au personnel des sous-traitants, avec en ligne de mira une future lutte nécessaire pour obtenir la fin de la sous-traitance et le passage au personnel fixe de Telefonica, la maison-mère.

Dans cette grève, on a retrouvé des éléments semblables aux dynamiques habituelles de mobilisation, chez les organisations alternatives – les mêmes qui convoquaient la grève générale illimitée chez les sous-contractants à la demande du précariat sur le pied de guerre – à l’intérieur de Télefonica, comme entreprise-mère.

L’absence d’un travail préalable constant, la tentative de capter les luttes seulement au moment où elles se déclenchent, l’absence de discours cohérent envers le personnel de Telefonica a fait que ce dernier a été incapable de voir l’opportunité historique d’unifier les objectifs ; de voir la relation directe qu’il y a entre les personnels qui travaillent pour le même patron, et de récupérer le pouvoir de la grève d’affecter la production.

Par chance, la grève des sous-traitants a fait tomber les barrières et nous place en meilleure situation pour continuer la lutte.
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(1) De la couleur des chemisettes de travail des sous-traitants de Movistar. Depuis le mouvement des « indignés » en 2011, le mouvement social s’est structuré en « marées » de couleur (blanc pour la santé, vert pour l’enseignement…) arborées lors de grandes manifestations, mais ceci contribue aussi à fragmenter par grands thèmes un mouvement dont l’ennemi est toujours le même : le capital et son Etat (NDT)

(2) « Revolucion de las escaleras » est la dénomination sous laquelle les installateurs de lignes téléphoniques, qui se déplacent toujours avec une échelle en bois ont désigné leur mouvement (NDT)

(3) Telefonica-Movistar a organisé une pyramide avec dix sous-traitants principaux qui eux-mêmes sous-traitent à une myriade de petites entreprises et à des milliers de travailleurs « indépendants » du type « auto-entrepreneurs » (NDT)

(4) Nous traduisons ainsi le néologisme « quincemero » qui figure dans le texte et qui fait référence au « 15-M », le mouvement populaire dit des « indignés » qui envahit toutes les places d’Espagne à partir du 15 mai 2011.

(5) Les grévistes du mouvement de 2015 parlaient de « grève sociale » pour désigner l’élan de solidarité et la mobilisation autour de leur mouvement, un peu comme on parlait de « grève par procuration » en 1995 en France.

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Le marxisme en abrégé. Chapitre 2. Le développement historique du mode de production capitaliste.

Le développement sans précédent de l’économie capitaliste et l’atténuation des crises, pendant les trente ans, qui ont suivi, en Occident, la fin de la deuxième guerre mondiale, l’effondrement des faux « communismes » de l’Est, l’essor et le développement de nouveaux pays capitalistes sur tous les continents, et last but not least, l’interminable contre-révolution qui, depuis les années 1920 a réduit l’influence du communisme révolutionnaire à une peau de chagrin ont pu faire croire que le système capitaliste avait gagné son éternité sur terre.

Pour les gouvernants, les économistes, les journalistes, et autres représentants de la bourgeoisie, il n’y a aucun doute : rien ne peut se faire en dehors du capitalisme. L’économie (capitaliste sous-
entendu) semble devenue aussi naturelle que l’air que nous respirons ; il paraît impossible même d’imaginer qu’une société puisse travailler, vivre, se reproduire, se développer, sans ces catégories que sont l’argent, le marché, l’échange, le salariat ; que l’on puisse vivre en utilisant des produits du travail qui ne soient pas des marchandises.

Pourtant, toutes ces catégories, dont nous rappellerons les définitions scientifiques données par le marxisme dans le prochain chapitre, ne sont pas éternelles ; elles n’ont pas toujours existé et le marxisme démontre qu’elles sont devenues des obstacles au développement de la société. Pour se développer, le capital a dû fondamentalement transformer les relations de production (les rapports de production) entre les hommes, les modalités de la production (le mode de production) et créer les conditions de son propre développement. Ce processus fut bien loin d’être pacifique et idyllique.
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Marx Engels et les phases historiques du mode de production capitaliste

Pour consulter l’ensemble du texte en PDF, cliquer ici :  Les phases_historiques_duMPC_Rgood

Sommaire.. 2

  1. La coopération… 4
  2. La manufacture.. 5
  3. Le mode de production capitaliste moderne : la grande industrie et la subordination réelle du travail au capital. 6

3.1          Caractéristiques. 6

3.2          Développement du capital fixe et productivité du travail. 6

3.3          Surpopulation relative. 6

3.4          Développement de la science. 7

3.5          Crises de surproduction.. 8

3.6          Le nouveau marché mondial. 9

3.7          Pouvoir politique. 11